Tempo rubato

Parce que ça me chante!

Loin des lentilles, près du coeur…

Jeunes filles du projet Thalita à Maceio, Brésil

Je viens de recevoir un courriel de mon amie Mariette Milot. Elle est partie depuis le 14 janvier en mission de solidarité au Brésil où elle entretient des liens missionnaires depuis de nombreuses années. Mariette a vécu et enseigné au Brésil. Ses liens avec les gens de ce pays sont à l’épreuve de la distance et du temps. Aujourd’hui à 75 ans, elle reste la personne la plus infatigable que je connaisse. Son enthousiasme dans la solidarité, sa foi en la capacité des personnes à changer les choses pour bâtir un monde meilleur inspirent l’action. Et comme les lentilles sont aujourd’hui braquées sur Haïti (non sans raison), je la laisse ici parler d’un autre coin du monde avec toute sa compassion (remarquez la composition du mot).

«Bom dia (bonjour) brésilien à chacune et chacun, amiEs solidaires de mon pays,

Me voici du lointain Brésil, après avoir vécu beaucoup d’événements déjà, tant avec mes groupes reliés au pays qu’avec moi-même. Je sors «presque en forme» d’une gastro-entérite qui m’a maltraitée durant 2 jours (..)  Je me sens déjà bien mieux. La chaleur ( 35 °C en continu), la fatigue et surtout les grandes émotions de mes visites chez les démuni-e-s  en étaient sûrement la cause .

La rencontre de ces gens pauvres, sans terre, sans toit, exposées à la traite humaine, opprimés par les grands de ce monde, et qui luttent sans cesse pour que justice leur soit faite, produit  en nous une admiration inconcevable et bien plus suscite une énergie que je qualifierais presque de « divine ». On sort de là « transfigurées » et remplies du désir « d’aller à leur suite »… Ne vous souvenez-vous pas de celui qui a dit « Venez à ma suite »… Il me semble que c’est cela le suivre: « aller à la suite de ces géantes et géants » qui sont train — presque sans moyens mais  le coeur ouvert — de révolutionner l’Humanité. Chaque fois que je vis quelques heures avec elles et eux, j’en ressors plus convaincue que jamais que la solidarité avec ces préférés de Dieu dont le « cœur au ventre » déplace toutes les montagnes du monde, est la solution au salut de ce même monde… et je suis si fière d’y participer, à leurs côtés.

Ces gens que j’ai vuEs faisaient partie:

1) De la communauté « Fleur du Bosquet », 35 familles de sans-terre qui viennent d’obtenir la possession de 35 lots pour y bâtir leur maison et cultiver quelques hectares de terre ; plusieurs personnes du Canada les ont aidés durant leur lutte de 10 ans à travers l’envoi de courriels aux députés, ministres, etc brésiliens, et autres…

2) Du projet « Thalita » pour les petites filles de la rue, en grand danger d’être happées par les maîtres de la prostitution; elles vous collent au cœur pour la vie !

3) De la communauté des Sans-Toit de la périphérie de Maceió, 423 familles qui ont failli voir les bulldozers détruire  leurs cabanes, mais qui, à force de lutte avec des groupes de partout, du Canada aussi, ont obtenu du gouvernement un terrain pour se bâtir… Mais que c’est terrible de voir leurs conditions actuelles. O.K. pour le terrain, mais la maison ? et la nourriture ? et les soins de santé ?  Celles et ceux qui verront mes photos n’en reviendront pas… Sauf qu’ils sont fortes et forts et ne lâcheront pas la corde !  Et nous serons là aussi…

Pour celles et ceux qui ont eu le courage de lire jusqu’ici, je vous dis que je commence demain une période de dix jours de traduction durant la rencontre de mes Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge du Brésil. Nous parlerons de tous ces groupes car leur engagement est bien là… Puis le 1er février,  je monterai au nord pour d’autres rencontres avec des communautés et avec mes chères anciennes et anciens élèves des années 1970.

Au milieu de tout ça, je porte tendrement au cœur, avec mes sœurs d’ici, l’immense et épouvantable souffrance de nos sœurs et frères de Haïti. Notre solidarité doit être à la mesure de leur douleur, et ce n’est pas peu dire ! N’oublions pas cependant que les Haïtiennes et Haïtiens sont forts aussi; ils connaissent déjà mieux que nous le courage et la foi….

Je vous dis au revoir et vous souhaite de vivre d’aussi belles expériences dans vos milieux respectifs. À la joie de vous revoir au début de février.

Mariette

P.S.: transmettez les nouvelles s.v.p.»

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